Categories for Rock et amour

Maison Tippex et Disco-Babel

August 13, 2014 9:35 pm Published by

Marie-Pierre Bonniol - Festival Disco-Babel 2005

“I think any real business has to start out with pure idealism. Otherwise it’s just a business. If you can make a business out of your initial idealism, then that’s your success.” – Thurston Moore. Source : Print Mag, 2010.

Je suis de retour, pour quelques temps, à la musique et à Julie Tippex, avec des tournées de Pierre Bastien, Faust et ESG, mais aussi la finalisation du programme du festival BBmix 2014, la dixième édition. Elle sera bientôt annoncée !

  • Photo : Festival Disco-Babel, Mains d’œuvres, 2005 avec Ghédalia Tazartes, Charles Hayward, Albert Marcoeur, Blurt, Dominique Grimaud, Le Club des Chats, The Chap..
  • This Heat, 24 track loop, album This Heat, 1978.

Chanson volante

August 6, 2014 10:06 pm Published by

Petite ritournelle de voyages qui s’organisent, bientôt en Catalogne à la recherche du Bel Canto et de la mer, à Perpignan pour aider mon ami Markus Detmer du label Staubgold à l’ouverture de son magasin de disques, et à Nantes sur le toit-terrasse de l’école d’architecture pour le Festival Electropixel (avec Pierre-Guillaume Clos et Thomas Renard, sur une invitation d’Apo33 et Anaïs Rolez le 23 août à 14h. Je serai aussi au festival Baignade Interdite à Rivières et ferai quelques autres haltes. Hâte !

  • The 49 Americans, “Doo-bee-doo-be” (“We are non-sense”, réédition Staubgold), via Sébastien Morlighem. Egalement sur Staubgold : Flying Lizards, “Preface” (“The secret dub life of the Flying Lizards”)

Moondog et l’ineffable

May 22, 2014 9:56 pm Published by

Moondog

A la recherche du magnifique et apaisant morceau “Viking I” de Moondog, dans le sillon de ma lecture de sa biographie par Amaury Cornut parue au Mot et le Reste, je tombe sur quelques morceaux du disque “Moondog in Europe” qui ce soir pour moi me touchent de cœur à cœur, comme un chant de l’ineffable qu’un enregistrement a porté jusqu’à moi. Les morceaux demandent un abandon : par leur unité, leur absence de dialectique, ils provoquent la pose d’une bande de résistance et invite, de fait, à questionner ses croyances et ses représentations, ainsi que notre rapport à l’enfance mythique, celle sans cesse réécrite, socle de ce que certains d’entre nous essaient de relier.

Il y a dans le livre d’Amaury Cornut la reprise d’un très beau texte de 1982 de Daniel Caux : “Moondog fait partie de ces visionnaires de la musique dont le Nouveau Monde semble être une inépuisable pépinière. De ces créateurs non conformistes et solitaires, déconcertants d’ingénuité, qui ont l’audace de faire fusionner leur univers imaginaire avec leur existence quotidienne. Si l’on entend par naïveté une notion de fraîcheur, de sincérité et de grâce naturelle dans l’expression, alors oui, la musique de Moondog est naïve. Il faut savoir la recevoir sans préjugés.”

Ce soir, en écoutant Moondog du bord de l’image, enveloppée par l’appel de la beauté, un ensemble de points à moi se présentent qui, par leur mise en séquence, s’augmentent d’une nouvelle couche de valeurs et de sens sans pour autant être encore agrégées. C’est un moment flou où des souvenirs comme des œuvres, des notions ou des personnes, telles qu’on se les figure de façon empathique, se rapprochent et se superposent sans pour autant encore s’articuler. Des éléments de mon histoire, en tant que composition de mon identité, essaient de s’y relier pour y trouver un espace contracté, inductif, où elles pourront ensemble se coordonner et s’élever.

Ecouter Moondog et tous les artistes singuliers, dont l’œuvre est en sincérité, ouvrent comme les galeries que l’amour creuse un chemin vers soi, vers ce qu’on ne sait pas encore épeler. Ils sont des chemins vers l’ineffable comme image, avant que le langage soit articulé. En écoute de Moondog, l’épiphanie se passe : l’image n’est plus pour moi coupée du langage, étant sa condition-même et mère, le seul lieu depuis lequel il puisse être élancé. C’était une chose que je savais, mais qui ce soir, avec Moondog et sa musique, comme étendue de l’inénoncé, pour moi s’est éclairé.

L’ineffable comme ce qui demande à être éclairé, et préface de ce que nous allons articuler, énoncer, constituer : dans l’espace flottant de Moondog, ce soir, l’image ne m’est plus un territoire prohibé et devient le leimôn des grecs peut-être, la plaine de la vérité, depuis lequel la pensée peut s’élancer.

Une boucle comme un circuit, où les polarités se fondent pour former un noyau, s’établit. Les contradictoires se rencontrent, se contractent et forment un nouveau plateau, un nouveau socle, toujours un peu plus proche de soi, pour déplier une volonté qui nous soit à chaque fois un peu plus propre, où le presque rien de l’image, le bout de sa langue, posent en nous le courage de dépasser, objet par objet, ce qui en nous pouvait jusqu’alors nous sembler dissocié. Réconciliée !

    • Moondog, “In Europe”, 1977 (streaming album complet sur YouTube)
    • Amaury Cornut, “Moondog”, Le Mot et le Reste, 2014
    • Pierre Hild, “Moondog légende”, Les Editions de l’Attente, 2007
    • Alexandre Dubouloz, “La croisière vers l’autre côté” in Jérémie Gindre, “Crawl & Sédiments”, Kunsthaus Baselland, Edition Fink, 2005
    • Stefan Lakatos et Dominique Ponty jouent Moondog, vidéo au festival BBmix 2012
    • Egalement : André Hardellet (“Le seuil du jardin”, 1958), Jean-Jacques Wunenburger, Faouzi Skali, Helga de la Motte-Haber, Alberto Ruy-Sánchez, Jacqueline et Daniel Caux, Pierre Bastien (interview, 2004), ma mère Danielle Bonniol-Ferrus, Albert Ayler, certains portés plus largement que d’autres en moi.
    • A la suite : Tibor Szemzö (“Water Wonder”), Gilbert Durand, Henry Corbin, Françoise Bonardel, Stéphane Lupasco, Anaïs Rolez.
    • L’ineffabilité (Wikipédia)

M.O.M.I. Morel

May 3, 2014 9:54 pm Published by

Studio Walter - M.O.M.I. Morel - 2014

La deuxième compilation de Studio Walter est disponible sur demande par mail, avec Sun Ra, Pierre Bastien, Squarepusher, Moondog, Seaming, Joseph Racaille et Patrick Portella, Vidéo Aventures, Pascal Comelade et White Noise, et sur la radio du M.O.M.I. bientôt !

Un petit début de printemps

March 23, 2014 2:01 pm Published by

Studio-Walter-Un-petit-debut-de-printemps-2014

Shugo Tokumaru, Seaming, The Psychic Paramount, Gate, Serafina Steer, Chrome Hoof, The Red Krayola, King Kong, Pascal Comelade, Pierre Bastien : la compilation de printemps de Studio Walter, avec des plaines et des vallées, est disponible sur demande par courrier !

Vers Paris

October 17, 2013 12:59 am Published by

 

On part à Paris voir les copines, de retour dans quelques jours ! See ya !

Rock, amour and beautiful cosmos

September 29, 2013 9:38 pm Published by

how far is far

You are the centre of your little world and I am of mine.
Now and again we meet for tea, we’re two of a kind.
This is our universe, cups of tea.
We have a beautiful cosmos, you and me.

Ivor Cutler – Beautiful cosmos (via Keith)

Ce week-end, le rock et l’amour m’ont travaillée. Des abandons, des avancées et une nouvelle amitié m’y ont menée. Quel est ce “rock et amour”qui me travaille tant ? C’est tout d’abord une expérience de réception, puis de circulation par remise en émission. L’artiste, créateur de la pastille originelle, ce qu’il y met et son intention, ses paroles (1), ne sont pas ce qui me travaille. La porte d’entrée que j’envisage au “rock et amour”, le véritable début de son édifice, ce n’est pas l’oeuvre mais l’instant de la coïncidence et de l’agrégation qu’il provoque en nous. Un inénonçable faiblit à la lumière de ce nouveau jour : quelque chose se passe. C’est le point de départ de ce que je veux explorer, comment les oeuvres deviennent des unités parmi les unités, que nous imaginons constitutives de nous mais surtout comment, de là, une sorte d’esthétique seconde, partant du récepteur, s’opère. Yves Citton (2) parlerait peut-être d’interprétation. Le mouvement que j’essaie de définir est d’une autre nature : c’est celui d’un amatorat tel que définit par Bernard Stiegler, celui de personnes « cultivant un rapport au temps qui fonde un rapport aux œuvres » (3), qui « muées par la curiosité et la passion de la connaissance, tentent de créer leurs propre espace émancipatoire » (4), mais également, dans le cas qui m’occupe, d’en partager les accès. Les cercles peuvent être plus ou moins proches, des béguins et des amitiés à de plus larges audiences (blogs, revues, édition, associations…), comme autant de communautés à créer. L’énergie, celle de l’affect, reste de même nature à chacun de ces niveaux : c’est le “rock et amour” que je veux nommer et pour lequel j’ai tant à travailler, et dont la question du célibat de la subjectivité est évidemment centrale, même si je pense qu’elle peut être dépassée par ce que l’esthétique seconde peut, dans ses rebonds, provoquer. Mais, d’abord, profiter de Walter, mon petit enfant, tout enjoué par cette belle journée de septembre, de cet amour doux, entier et instantané, de cette immense chance que l’on a de s’être rencontrés. Rock et amour : je te reverrai !

(1) Voir à ce sujet l’appel du colloque international sur le rock et l’amour qui aura lieu à l’Université Paul Valéry, Montpellier 3, le 16 et 17 avril 2014, coordination Claude Chastagner.
(2) Yves Citton, “L’avenir des humanités. Economie de la connaissance ou cultures de l’interprétation ?”, Paris, Editions La Découverte, 2010, 203 pages
(3) Bernard Stiegler, « Le temps de l’amatorat », paru dans Alliage, n°69 – Octobre 2011, mis en ligne le 17 juillet 2012.
(4) Josep Ramoneda, « Rompre les inerties : l’engagement du CCCB », communiqué de presse sur la création de l’Institut de Recherche et d’Innovation, direction Bernard Stiegler, Centre Pompidou, 2009, p. 11

Dessin : How Far is Far? by Alvin Tresselt and Ward Brackett, 1964 via Stopping off places

“N’est-ce pas?”, “C’est vrai ! C’est vrai !”

September 25, 2013 6:33 pm Published by

2011-fevrier-053

“Le kitsch s’avère donc le mode de consommation du réel et de l’imaginaire de quiconque aspire à l’adhésion la plus normative au social, mais cette consommation n’est validée que par sa redistribution en pure visibilité. Le kitsch intègre alors sa fonction de lien, de liant social. Lorsqu’il s’agit pour deux individus de se reconnaître, le kitsch advient à la fois comme le moyen et la nature de cette reconnaissance, l'”invention” interdite d’originalité d’un lieu commun à des fins ponctuelles de pseudo communication. Tout objet ou sentiment quelconque est susceptible de jouer le rôle de ce lieu commun. Et c’est une fois que l’objet en question intègre cette logique du poncif que sa propre kitschification advient, mais surtout qu’il rend possible le rapport d’identification des protagonistes.

Flaubert nous offre un saisissant exemple de ce principe avec le premier dialogue entre le jeune clerc Léon Dupuis et madame Bovary à l’auberge du Lion d’or le soir de l’arrivée à Yonville.

“- (…) Quelquefois, le dimanche, je vais là, et j’y reste avec un livre, à regarder le soleil couchant.

– Je ne trouve rien d’admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer, surtout.

– Oh! j’adore la mer, dit M. Léon.

– Et pis ne vous semble-t-il pas, répliqua madame Bovary, que l’esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites, dont la contemplation vous élève l’âme et donne des idées d’infini, d’idéal ?

– Il en est de même des paysages de montagnes, reprit Léon. J’ai un cousin qui a voyagé en Suisse l’année dernière, et qui me disait qu’on ne peut se figurer la poésie des lacs, le charme des cascades, l’effet gigantesque des glaciers. (…)”

Suivent, en chapelet, quelques pensées également partagées sur la musique, sur les lectures du soir au coin du feu, sur le charme des romans, sur “les vers plus tendres que la prose”… Et à chacun des articles de ce catalogue de la convention, Léon, Emma, émerveillés de cette communion, acquiescent à tout va, au tout venant de leur pseudo intériorité :

“N’est-ce pas?”, “C’est vrai ! C’est vrai !”

(…) Le kitsch c’est l’évènement sentimental que fantasment Emma et Léon et qui les fait se reconnaître en retour au travers de prétextes qui ne sont que traversés par le flux du poncif. Cette électricité baigne d’ailleurs plus les objets qu’elle ne circule en eux, troublant la surface de leur singularité pour y multiplier les signes de connivence. La psychologie du kitsch, cet “art du bonheur”, selon l’expression d’Abraham Moles, a pour règle d’or l’assentiment. Condition d’un confort, d’une sécurité et d’une communication en écho, cette hygiène de l’assentiment, assentiment à ce qui s’énonce et se pense, le kitsch lubrifie ce qui déjà n’aspire qu’à la fluidité des idées reçues et instrumentalise les images à des fins de transactions a-dynamiques, de potlachs abstraits sans plus de don que de destruction, dénués de défi. L’irruption du débat, de la contradiction, de la violence dialectique fait voler en éclats l’univers kitsch. Celui-ci, tout à sa réduction des possibles singuliers, à sa raréfaction des fulgurances, n’est rien moins qu’un eugénisme culturel.”

  • Jean-Yves Jouannais, Kitsch, mauvais goût. Eugénisme, attentat in Société perpendiculaire – Rapport d’activité, Images Modernes, 2002, pp 158-160
  • Aussi : Nicolas Bouyssi sur Edouard Levé et le name dropping : “Cette quête concurrentielle du bon côté, du havre de paix tautologique où chacun serait soit-disant reconnu pour ce qu’il est, où tout le monde communiquerait et où il n’y aurait plus de perte de temps, plus de mésentente et de différend à condition qu’on soit tous enfin pareils, on pourrait le définir comme le contraire d’un champ de tension, autrement dit comme lieu de détente. Et on pourrait définir ce lieu de détente comme pulsion de mort” (Nicolas Bouyssi, Esthétique du stéréotype, essai sur Edouard Levé, PUF, 2011, pp. 65-66)