Tag Archive: illusion

L’essence du lien

March 1, 2014 12:56 am Published by

Donald Winicott

Hier, j’ai assisté disons-le par erreur à ma première conférence en allemand, par le berlinois Dorian Astor. Il y était question de la politique des affects chez Luc Boltanski et, entre autres, de l’éros, de la philia et de l’agapé. Dans son intervention, il a cité Donald Winicott dont, dans mes recherches récentes, j’ai retrouvé un fragment qui lors de sa lecture m’avait beaucoup marqué. Alors qu’au fil de mes discussions, la question et le besoin de communauté est de partout autour de moi posé, les espaces d’affinités d’expériences illusoires que pose Winicott, ainsi que la possibilité, par le désir, de les constituer, trouvent chez moi, maintenant, un écho encore davantage particulier. “Nous pouvons, si nous le désirons, nous unir et former un groupe ayant pour base l’affinité de nos expériences illusoires” – énonciation, parole, communauté : il y a quelque chose pour moi chez Winicott, comme chez Bachelard, qui enveloppe mes recherches de chaleur, d’humanité, et me permettent toujours un peu davantage, à chaque fois, d’avancer. Heureuse de l’avoir retrouvé !

L’irruption de la fiction

November 4, 2013 12:13 pm Published by

Cuchi White Bologne001

“Le trompe-l’œil n’est qu’un piège qui nous renvoie à notre propre regard, à la manière dont nous regardons – et occupons – l’espace. Si une “vraie” maison s’élevait là où il n’y a qu’un mur, si des vrais jardins à la française s’étalaient au-delà de ces grandes baies vitrées, si de vraies fenêtres habillaient ces façades, peut-être ne prendrions-nous même pas la peine de les regarder. Ce qui arrête notre regard, un court instant, c’est l’irruption de la fiction dans un univers auquel, à cause de ce que l’on pourrait appeler notre cécité quotidienne, nous ne savons plus prêter attention. En ce sens, les trompe-l’œil fonctionnent un peu comme les mots croisés : ils posent une question dont la réponse est tout entière contenue dans l’énoncé qui la formule, mais qui demeure énigmatique tant que l’on n’a pas opéré le minuscule glissement de sens qui la résout dans son évidence imparable.”

  • Texte : Georges Perec, photo : Université de Bologne, par Cuchi White, “L’oeil ébloui”, Chêne/Hachette, 1981

L'oeil ébloui001