March 29, 2015 1:58 pm
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“Path is like a snake, it curls around the whole of Little Belaire with its head in the middle and the tip of its tail by Buckle cord’s door, but only someone who knows Little Belaire can see where it runs. To someone else, it would seem to run off in all directions. So when you run along Path, and here is something that looks to be Path, but you find it is only rooms interlocking in a little maze that has no exits but back to Path—that’s a snake’s-hand. It runs off the snake of Path like a set of little fingers. It’s also called a snake’s-hand because a snake has no hands, and likewise there is only one Path. But a snake’s-hand is also more: my story is a Path, too, I hope; and so it must have its snake’s-hands. Sometimes the snake’s-hands in a story are the best part, if the story is a long one.”
John Crowley – Engine summer, via Patrick J G.
October 20, 2013 11:55 pm
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C’est un disque qui n’existait d’abord que dans le catalogue Broken Music, la brillante encyclopédie de l’usage de l’objet-disque dans l’art depuis l’avant-garde (Berlin, 1989) : un dessin de 33 x 33 centimètres, “Composition für Tim Wilson II” de KP Brehmer (1986, encre indienne et tempera).
Tim Wilson était, selon la notice, un anglais âgé de 33 ans, qui avait la possibilité de lire les disques. “Quand, par exemple, l’ensemble des symphonies de Beethoven lui étaient montrées, il pouvait identifier en détail les enregistrements.”
Des hommes, des vivants, auraient-ils la capacité de deviner le contenu d’un disque qu’à la vue ? L’histoire raconte qu’à Philadelphie, le physicien Arthur B. Lintgen, né en 1942, en est capable. Cet audiophile passionné et en amateur de musique classique, est en mesure d’identifier de la musique à partir seulement des propriétés physiques de sa reproduction, sa forme, sa matière, ses sillons.
“Les sillons varient légèrement dans leur espacement et leurs contours, d’après les dynamiques et la fréquence de la musique qu’ils reproduisent. Lintgen explique que les sillons contenant des passages plus doux paraissent noirs ou gris foncé. Lorsque la musique devient plus forte ou plus complexe, les sillons prennent une teinte argentée. Les attaques prononcées sont marquées par des “morsures minuscules et irrégulières”. Lintgen établit une corrélation entre ce qu’il voit et ce qu’il connaît en musique, en faisant correspondre le dessin des sillons aux formes musicales” (Time, 4 janvier 1982).
Petit miracle ! Retrouver Tim Wilson, l’homme capable d’écouter, d’avoir un sentiment de la musique, affranchi de l’appareillage technologique. En repartant de l’empreinte et de ses micro-traces, Tim Wilson redonnait un langage, un rituel, une dimension magique a l’objet.
Nous nous figurions sa discothèque interne, infinie, grâce à laquelle l’acte de rémanence pouvait s’opérer. Il était nous et nos airs, ceux qu’on emporte partout avec nous. Il était toutes les musiques, et aucune.
L’homme qu’on a retrouvé est juste plus exercé, et appliqué. Tim Wilson, lui, est porté disparu, probablement perdu dans le sillon.
“Celui qui se recueille dans une oeuvre d’art s’y abîme, il y pénètre comme ce peintre chinois dont la légende raconte que, contemplant son tableau achevé, il y disparut” (Walter Benjamin, “L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproduction technique”)