La rivière et les bras
“Les nuits de l’Émangle – ne l’ai-je pas dit déjà ? – sont toujours claires, douces et invitantes. On ne sait jamais si il est vraiment temps d’aller dormir. On reste sur la berge, ne pouvant croire que le poisson dorme par des nuits si claires. (…) Nuits interminables ! Une lumière argentée et comme indépendante de sa source semble descendre des coteaux, fluvialement, immensément, paternellement vers la rivière et les pêcheurs. La rivière, elle-même, féminine, adoucit les hommes et les soustrait à eux-mêmes. Enfin, vers 1 heure du matin, une vraie obscurité s’établit. En quelques minutes il n’y a plus personne. Chacun est rentré chez soi.”
– Henri Michaux, Voyage en Grande Garabagne, Gallimard.
“Peut-être que vous avez regardé fixement l’eau d’une rivière. Il y avait quelqu’un près de vous qui vous aimait. On allait vous toucher. Vous l’avez senti avant que cela n’arrive. Et puis c’est arrivé. C’est ça, mon nom.”
– Richard Brautigan, Sucre de Pastèque, 10/18.
- Pour le club des filles Brautigan – Séverine, Aline, Julie, Mariette, Corinne, Laurence, amies des garçons Michaux.
- Pierre Bastien, “Wapiti Paw”, Rephlex, 2012 / Bandcamp.
- Remerciements : Pascal, Jonathan, Sébastien.