La langue, l’allemand, le mouvement
“A force pour moi les langues finissent par être des personnages. (…) L’allemand a cette faculté de tout faire voir, c’est une langue du visible, du concret. Moi ce qui me fait rigoler c’est quand les français disent que c’est la langue de la philosophie. C’est justement la seule langue où la philosophie devrait être impossible parce que vous voyez, constamment. Tout repose sur être debout, être couché, tout est fait par des mouvements concrets. Il n’y a pas un mot abstrait en allemand, les mots abstraits viennent du français ou du latin. L’allemand est incapable d’abstraction. C’est une langue avec un gros corps, le français a au contraire quelque chose de plus fluet, de plus mystérieux. C’est comme ça que je vois ça.”
- Interview de George-Arthur Goldschmidt, auteur, traducteur de Walter Benjamin, Franz Kafka, Peter Handke et Nietzsche en français, via Noël Akchoté.