Elles, politique et maternité
En exploration de l’exposition elles@centrepompidou, disponible de façon très complète sur le site de l’INA, sur l’accrochage exclusivement féminin de la collection du Musée National d’Art Moderne en 2009 (commissariat de Camille Morineau), et après la lecture de l’article “Pourquoi nous n’avons pas de musée des femmes en France” sur Slate (Aude Lorriaux, 2015), voir Dominique Gonzalez-Foerster parler de son travail et écouter Monika Sprüth est extrêmement motivant alors que, travaillant a un projet d’exposition sur la maternité, je sais d’ores et déjà que les difficultés pour la voir considérée, dans son projet, seront réelles. Les chiffres dont parlent l’article d’Aude Loriau dans Slate sur le taux d’œuvres d’artistes femmes dans les collections, la réalité des directions d’établissements, de la femme d’abord et le plus souvent envisagée comme mythe dans la production artistique – mon exposition sur les Machines célibataires y participant –, ajoute désormais une dimension politique à mes recherches.
L’histoire de nos modèles intellectuels est encore courte, et nous avons besoin de modèles positifs, inspirants. Quand Monika Sprüth parle de combat dans sa vidéo, je tremble avec elle. L’espace des musées est aussi un espace de construction de soi, et les filles que nous avons été et les femmes que nous sommes devraient davantage pouvoir être amenées à rencontrer la détermination d’autres femmes à ce que leur monde, leur sensibilité existent et prennent forme, à “s’écrire pour ne pas être écrites”, a énoncer une individualité désensablée des représentations dominantes, qui n’occulte pas la part de construction féminine que les petites filles que nous avons été ont été amenées à agencer sur une base, une nouvelle fois, pauvre de modèles stimulants, ni sa dimension irréductible, tendre.
Cela me porte, d’autant plus, a envisager l’exposition sur la maternité que je projette avec sérieux, aussi dans ses conflits, ses fantasmes et la sexualité qui est a son origine. Je ne sais pas si on me donnera les moyens de mener à bien ce que je souhaite. La liste des lieux potentiels d’accueil, je le sais, sera extrêmement réduite, du fait de sa transdisciplinarité, et du fait qu’elle n’est pas de nature historique ou rétrospective, mais davantage envisagée comme une écriture propre. Un directeur – car c’est bien essentiellement de directeurs dont il s’agit – ou une directrice saura-t-il, saura-t-elle s’engager ? La seule exposition majeure, a ma connaissance, sur la maternité, “La Grande Madre“ (Milan, 2015 / visite virtuelle), a été réalisée par un homme. Le politique, lorsqu’il est question du corps, n’est jamais très lointain. Et il se forme pour moi, du coup, une responsabilité, une nécessité d’autant plus franche à voir cette exposition exister.
Au travail, donc, de façon redoublée.
Ajout (26.05.17) : la série d’interviews Herstory menée par Julie Crenn et Pascal Lièvre pour “Herstory, des archives à l’heure des postféministes” (Maison des arts, Centre d’art contemporain de Malakoff, 2017), et plus particulièrement les entretiens avec Brigitte Zieger, Myriam Mechita et Tania Mouraud – via Mariette Auvray.