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Ecrire (“Why Marguerite Duras”)

August 3, 2015 10:12 pm Published by

1. Because in every moment of her writing Duras circles the “origin” of the origin.
2. Because this circling is related to an unrelated emptiness.
3. Because circling around the empty origin is touching truth
4. Because to touch a truth means to relate to the namelessness of your origin.
5. Because the circling reference on namelessness connects the poetic form with the philosophical form.
6. Because this form is intimacy with the uncanny.
7. Because Duras knows that there is intimacy only with the untouchability of a universal exterior.
8. Because Duras calls touching the untouchable love.
9. Because real knowledge is knowledge of the unknowable.
10. Because in the thinking and writing of Duras there exist the idea of truth-knowledge.
11. Because truth-knowledge implies touching the limit of knowledge.
12. Because to touch the limit of knowledge is the only challenge, necessity, and legitimization, the unqiue ability of litterature and philosophy.
13. Because what Duras calls writing, is the insistence on the most necessary – of inevitability itself.
14. Because Duras knows that truth-knowledge icnludes the cancellation, the reduction, the restriction, the neutralization and the destruction of fact-knowledge.
15. Because every “journalistic” intervention of Duras is suspending the imperialism, authority, legitimacy, plausibility, and persuasion of fact-dictates
16. Because Duras affirmed the suspension of fact-knowledge as the necessity, evidence and intensity of her writing process.
17. Because Duras’ writing, adventue, venture, recklessness, madness and life commits itself to the paradox, contradiction and conflicted-ness of the formulation of the non-formulatable.
18. Because Duras placed her full ignorance in the service of truth-knowledge.
19. Because the knowledge that sacrifices itself to truth finally begins to approach knowledge as truth-knowledge.
20. Because this knowledge is opening of the closure of truth, opening the subject to the extrem limit of it’s subjectivity.
21. Because for Duras the courage of the opening to closure is fundamendal for (her) life.
22. Because this courage, this recklessness, this blindness and haste and charm is articulated as precise language, as mathematical turbulence.
23. Because in Duras’ writing the will for precision is unresolvable from hyperbolic courage.
24. Because writing is the experience of the conflictuous compossibility of knowledge and truth.
25. Because Duras generates her own concept of absolute knowledge.

Studio Walter – Ecrire (Why Marguerite Duras), 2015

Marcus Steinweg “Why Marguerite Duras?” in “Flamme éternelle” Journal n°33 – 1 juin 2014, exposition de Thomas Hirschhorn au Palais de Tokyo, du 24 avril au 23 juin 2014 / lecture au Britzer Garten de Berlin, août 2015 – Texte en allemand.

Retour en écriture, j’espère pour quelques temps !

Les livres, l’autre et le chinois

June 7, 2014 7:44 am Published by

“Comment un ouvrier comme moi pourra comprendre quelque chose aux livres et savoir si ce qu’il lit, on l’a vraiment écrit pour lui ? En lisant et en réfléchissant. En se trompant et en recommençant. Même pour nous qui les écrivons, il n’y a pas d’autres voies. Dans ce monde, personne n’a rien pour rien. Il faut avoir la patience d’apprendre ces modes, comme on apprend les langues étrangères. Et alors, peu à peu, il t’arrivera de rencontrer partout l’homme et le camarade, de même qu’on réussit à discuter avec un Chinois ou un Turc. De toute façon il faut être patient. Plus tu fréquentes un ami, plus tu apprends à le connaître. C’est la même chose pour les livres. Et n’est-ce pas beau d’arriver à connaître un homme qui pendant trente ans, pendant toute sa vie, a essayé de parler avec toi ? Ce sont des livres pour nous ? Ce sont des livres pour qui veut les lire. Tu sauras me dire, là, pour qui est fait un livre ? Méfie-toi des livres qui sont faits pour un tel ou un tel. Même un livre qui a été écrit en Chinois a été fait pour toi. Il s’agit toujours d’apprendre les paroles d’un autre homme. Tous les livres qui valent quelque chose ont été écrits en chinois, et on ne sait pas toujours les traduire. Vient toujours un moment où tu es seul devant la page, comme était seul l’écrivain qui l’a écrite. Si tu as de la patience, si tu ne prétends pas que l’auteur te traite comme un enfant ou un demeuré, tu vas rencontrer un autre homme et te sentir plus homme toi aussi. Mais c’est dur, Marina, ça demande de la bonne volonté. Et beaucoup de patience.”

  • Citation de Cesare Pavese dans le cadre de l’exposition “Flamme éternelle” de Thomas Hirschhorn, au Palais de Tokyo jusqu’au 23 juin 2014, entrée libre / site internet. Crédit photo : André Morin, ADAGP, Paris 2014 (pour Christine)
  • En résonance : Nathalie Léger, “Supplément à la vie de Barbara Loden”, Folio 2013 (via Camille) – j’y reviendrai.

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